Nature mystérieuse et duelle que cette terre, l'ami. Profondément lumineuse, et superficiellement ténébreuse. Un roi veille au-dessus. Une reine en dessous. Le roi ignore (?) la reine, mais te veut toi. La reine ignore (?) le roi, mais te veut toi.
Elle est amoureuse de toi.
Elle chante et danse comme une naïade, ses yeux d'amande débordant comme son cœur d'amour. Elle rêve de toi et t'aperçoit lorsqu'elle se mire à la surface des eaux profondes.
Mais le roi.
Mais le roi te fait miroiter une illusion réconfortante pour que tu lui serves les mets qu'il apprécie et qui prolongent sa vie. Car il sait comme les mets que tu prépares dans ton ignorance sont d'une saveur exquise - et sait que de ces mets dépend son existence.
Mets fin à cette ignorance, l'ami. Comprends ce que je dis.
Interrogations sur le chemin
mercredi 2 décembre 2015
samedi 21 novembre 2015
Amère solitude amie
Un sentiment, un désir d'expression, une violente répression, et un silence. Peut être une larme. Peut être.
Aigres sons d'une viole. Serres d'un aigle sous mon ventre. Un œil sur le cœur.
Aigres sons d'une viole. Serres d'un aigle sous mon ventre. Un œil sur le cœur.
dimanche 4 novembre 2012
V.I.T.R.I.O.L.
Incontournable formule pour qui emprunte le chemin et qui, au fil des lectures et de la soif de connaissance, finit par entrevoir, entre symboles opaques et traités hermétiques, quelques premières perches tendues par quelque bienveillant précurseur.
(V.I.T.R.I.O.L.)
Intrigué par ce mot qui évoque a priori un poison, mais devinant, à travers les points séparant chaque lettre du mot, qu'il s'agit probablement d'un acronyme, il apprend qu'il s'agit d'une formule signifiant: "Visita Interiora Terrae, Rectificando Invenies Occultum Lapidem" dont la signification ne tardant pas à venir révèle ceci: "Visite l'intérieur de la terre et en rectifiant tu trouveras la pierre cachée"
Comme un son de clairon venant d'ailleurs. Une intrigue. L'impression de percevoir un secret. Mais quel secret ?
D'abord l'étrangeté de cette formule reprenant dans son acronyme le nom d'une substance mortelle. S'agit-il du poison que l'aspirant va prendre, celui qui tuera l'homme profane qu'il est ? Et cette formule latine... Pourquoi une formule latine ? Remonte t'elle à la période romaine ? Pourquoi l'emploi d'une langue morte pour accompagner un précepte ? Pour le figer dans le temps ? Lui donner un sens immuable ? Lui donner des racines qui plongent dans le temps ?
Alors curieux, il lit. Relit. Se heurte au sens, aux vibrations des lettres, et s'arrête sur sa transcription: "Visite l'intérieur de la terre et en rectifiant tu trouveras la pierre cachée".
Il apparaît évident qu'il s'agit bien d'une métaphore, d'une idée masquée symboliquement, dont le sens est à trouver. "Visite". Etranger ? Mouvement vers un endroit étranger ? Prudence ? Respect ? Tenue ? Protocole ? Quel accueil sera réservé ? Quel présent apporter ? "l'intérieur de la terre". L'intérieur ? L'intérieur de la terre ? De quelle terre s'agit-il ? Que symbolise ici la terre ? "et en rectifiant". Qui dit rectifier présuppose l'existence d'une erreur, d'une anomalie. "tu trouveras la pierre cachée". Rapprochement quasi-immédiat avec la pierre philosophale des alchimistes. S'agit-il bien de cela ? D'une allégorie alchimique ? Sommes nous en présence d'un des secrets de l'alchimie ?
Le mystère se prolonge et se met en mouvement quelque part dans les sphères, attiré par cette première réflexion, et il semble que le mystère désire se révéler à celui qui l'a contemplé. Les signes ne tarderont pas à pleuvoir sur la route de l'aspirant qui, pour peu qu'il s'y attarde, trouvera les fragments de la compréhension de ce mystère. C'est ainsi qu'au fil des lectures il découvre que l'"intérieur de la terre" ne désigne rien d'autre que l'intérieur de sa personne en tant qu'être animé et penseur. Et il fait le lien, plus tard sur la route, avec cette autre précepte, cette inscription placée sur le fronton du temple d’Apollon à Delphes, ce connais-toi toi-même, Gnôthi seauton, une invitation à la connaissance de soi. Le soi ? Qu'est-ce donc que le soi ? Alors, "et en rectifiant" signifierait-il que le soi serait imparfait, fait d'erreurs, d'anomalies ? Reviennent alors les écrits lus précédemment, dans les vers dorés de Pythagore :
Ne permets pas que le doux sommeil se glisse sous tes yeux,
Avant d'avoir examiné chacune des actions de ta journée.
En quoi ai-je fauté ? Qu'ai-je fait ? Qu'ai-je omis de ce qu'il me fallait faire ?
Commence par la première à toutes les parcourir.
Et ensuite, si tu trouves que tu as omis des fautes, gourmande-toi ;
Mais, si tu as bien agi, réjouis-toi.
Et cette idée qu'il y'a en effet, dans nos actes, et peut-être dans nos pensées, - ailleurs dans la terre ? - quelques raisons de s'attarder et de procéder à des rectifications.
La fin est plutôt étrange - "tu trouveras la pierre cachée" - d'autant plus que l'idée qu'il se fait de la pierre est celle fantasmée par tous ceux qui découvrent l'alchimie par les légendes que celle-ci a revêtu à travers les époques. La pierre philosophale, l'élixir de longévité, l'immortalité, l'or... Serait-il possible que par ce procédé nous puissions entrer en possession d'un pouvoir impensable ? Deviendrions nous des alchimistes pénétrant le vent et s’élevant dans les cieux, projetant des sorts, transformant le monde, des surhommes immortels de surcroît, tutoyant les grands de ce monde, et perçant tous les secrets de l'univers ?
Que de fantasmes... Mais si beaux dans leur candeur. Relayés par la suite du "Connais-toi toi-même", laquelle affirme aussi péremptoirement que le "tu trouveras la pierre" que "et tu connaîtras l'univers et les Dieux".
Il y'a une forte similarité entre ces deux préceptes, lorsque j'y repense. "Visite l'intérieur de la terre et en rectifiant tu trouveras la pierre cachée", "Connais-toi toi-même et tu connaîtras l'univers et les Dieux". Une même tonalité. La différence résidant dans l'invitation à la rectification du premier précepte qui semble absent dans le second.
Je termine cette première réflexion sur ce thème - avec le pressentiment que d'autres suivront - en livrant ce poème de René-Pierre AMSELLE qui illustre bien ce thème:
TOI qui dans ce Temple vas entrer,
Quel secret espères-tu trouver ?
Sache que de ce que tu verras,
Peu de symboles tu comprendras.
Certes, tes frères te guideront,
Mais ne te berce pas d'illusions,
Comme toi ils cherchent le secret
Qu'Isis sous son voile tient caché.
Nous sommes les dignes fils d'HERMES,
La nature est notre Maîtresse
Et l'Univers notre royaume.
Bien que misérables gnomes
De bel argile rouge pétris,
Nous avons en nous le souffle de vie
Qui, d'un GOLEM au corps froid,
Fit de nous des humains qui croient
Que le vil plomb en or sacré
Tout Homme peut transmuter.
TOI qui dans ce Temple entreras,
Le vrai secret n'est pas là :
Plonge dans la fange de ton être,
Alors, après, tu pourras renaître.
Visite l'intérieur de la terre. Plonge dans la fange de ton être. Tant de choses à dire, mais je me tais pour l'heure, admettant mon ignorance et acceptant mon désir de connaissance.
Oser dire ou se taire ?
S'élever sur la tribune du monde et révéler le fonds de sa pensée, humblement, l'exposer à l'assemblée des hommes, et accueillir avec équanimité leurs indifférences, leurs appréciations, leurs critiques. Oser s'exprimer, faire vibrer notre corde intérieure, et soutenir le regard des autres. Curieuse expérience que nous offre ce moyen de communication qui, même dans l'anonymat, nous fait prendre conscience de notre vulnérabilité sociale, de notre désir d'être approuvé - et de notre crainte de la désapprobation...
Alors, se taire ? Oeuvrer en silence ? Oui. Dans la mesure où cette démarche fortement incompréhensible ne peut faire l'objet d'échanges avec tous.
Le juste milieu ?
Alors, se taire ? Oeuvrer en silence ? Oui. Dans la mesure où cette démarche fortement incompréhensible ne peut faire l'objet d'échanges avec tous.
Le juste milieu ?
Sentir
Bien plus que penser, - sentir... Autant la foi est du domaine du ressenti et non de la pensée, autant la connaissance de soi est du domaine du ressenti et non de la pensée. La pensée est bonne, mais elle ne perçoit que les idées. Elle aide à les analyser, à les structurer. Mais elle est incapable de percevoir les ombres de l'inconscient. De même il est illusoire et vain, - surtout vain - de vouloir par la pensée, par la raison, obtenir une quelconque foi. Je me demande parfois si le triomphe de la science et l’avènement du pouvoir de la raison érigée en divinité n'a pas contribué à la disparition du sentiment de Dieu dans nos sociétés. Comment, en effet, avec tous les instruments de mesure et d'observation que nous avons intelligemment créés, tous les progrès scientifiques réalisés et toutes les découvertes de ces derniers siècles, les initiatives, les explorations, les thèses, les théories, les preuves irréfutables et les démonstrations incontestables, comment, ciel, parler de Dieu ... ? Il nous faut descendre, passant, ami, dans nos coeurs, dans nos ventres, oublier un instant nos têtes - et descendre. Éprouver. Ressentir. Ressentir l'autre - compatir, aimer. Se ressentir soi-même. Lorsque le feu soudain s'allume dans nos coeurs et que la terre imperceptiblement remue dans nos ventres, et que ces mots ne sont plus incompréhensibles, n'est-ce pas alors que nous commençons à comprendre beaucoup et à ne plus nier ? Mais combien d'agitations et de d'égarements avant d'y parvenir ?
Quel est ce chemin ?
Beaucoup de mots et de symbolismes dans ce voyage qui s'apparente à un rêve éveillé, à la frontière entre la réalité et le monde évanescent des rêves. Jung parlant d'individuation. D'autres d'alchimie, de kabbale. Un voyage qui semble commencer par l'exploration de soi, par le moment où la conscience entre en elle et chemine dans l'obscurité de l'inconscient, cherchant à y discerner ses formes, ses contours, ses ombres, et ses créatures effrayantes, - effarantes... Cette plongée étrange nécessite autant d'effort que de temps, effort de concentration, de compréhension symbolique. Il s'agit d'attraper un voile que l'on ne voit pas et de le lever doucement. Ce voile n'étant pas concret, - ni abstrait d'ailleurs -, mais mystérieux, il semblerait qu'il importe dans un premier temps de développer en nous une sensibilité aux Mystères. Longtemps déchiffrer les symboles par soi-même jusqu'à en percevoir le reflet sur notre lac. Longtemps aussi apaiser ses pensées et ses sentiments pour faire apparaître la surface du lac. Rigoureusement faire la Paix. Chasser toutes les pensées confuses et arrêter le mouvement bruyant des pensées, des sentiments. Lâcher prise... Alors les vagues cessent leur flux et reflux. Les vents se taisent et cessent de souffler sur la masse des eaux. Les nuages se dissipent. Et, ô merveille, la lumière apparaît et resplendit sur la surface des eaux apaisées, laissant entrevoir les reflets et les formes qui s'y trouvent.
Quel est ce chemin ?
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